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SCÈNE XVIII.
là, sur son casque, la manche de ce jeune drôle, de ce maroufle, de ce radoteur, de cet imbécile de Troyen ! Je voudrais les voir aux prises ; je voudrais que ce jeune âne troyen qui s’est amouraché de la putain gagnât la manche sur ce putassier, sur ce gueux de Grec, et le renvoyât impuissant à son hypocrite et luxurieuse drôlesse… D’un autre côté, la politique de ces fourbes, de ces maudits chenapans, de ce vieux fromage moisi, sec et mangé aux rats, qui a nom Nestor, et de ce chien-renard d’Ulysse, ne vaut certainement pas une mûre. Dans leur politique, ils ont opposé ce mâtin métis, Ajax, à ce dogue qui ne vaut pas mieux, Achille ; et voilà ce mâtin d’Ajax qui devient plus fier que ce mâtin d’Achille et qui ne veut pas s’armer aujourd’hui ! Si bien que les Grecs commencent à réhabiliter la barbarie en donnant de la civilisation une opinion aussi triste… Doucement ! Voici l’homme à la manche suivi de l’autre.
Arrivent Diomède, suivi de Troylus.
TROYLUS.

— Ne fuis pas, car tu passerais le fleuve du Styx, que je nagerais derrière toi.

DIOMÈDE.

Rompre n’est pas fuir ; — je ne fuis pas ; c’est pour mieux combattre — que je me suis retiré des mêlées de la multitude. À toi !

THERSITE.

— Défends ta putain, Grec ! En garde pour ta putain, Troyen !… Pour la manchette, à présent ! Pour la manchette, à présent !

Troylus et Diomède sortent en combattant.