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SCÈNE X.

THERSITE.

Non ; mais il a perdu le diapason. Quelle musique il y aura en lui quand Hector lui aura fait sauter la cervelle, c’est ce que je ne sais pas ; mais je suis sûr qu’il n’y en aura pas, à moins que le ménétrier Apollo ne lui enlève les nerfs pour en faire les cordes de son violon.

ACHILLE.

Allons, tu vas lui remettre une lettre tout de suite.

THERSITE.

Faites-m’en porter une autre pour son cheval ; car des deux, c’est l’animal le plus capable.

ACHILLE.

— Mon esprit est trouble comme une fontaine remuée, — et moi-même je n’en vois pas le fond. —

Sortent Achille et Patrocle.
THERSITE, suivant des yeux Achille.

Je voudrais que la fontaine de ton esprit redevînt claire, j’y mènerais boire un âne ! J’aimerais mieux être l’acarus d’un mouton, qu’un si vaillant ignare !

Il sort.

SCÈNE X.
[Troie. Une rue.]
Il fait nuit. Arrivent d’un côté Énée et un Valet, portant une torche ; de l’autre, Paris, Déiphobe, Anténor, Dioméde, et d’autres personnages, portant des torches.
PARIS, à Diomède.

— Oh ! voyez donc ! qui est là ?

DÉIPHOBE.

C’est le seigneur Enée.

ÉNÉE, dévisageant Paris.

— Est-ce là le prince en personne ? — Si j’avais, pour