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cester était un capitaine ? qu’il a augmenté l’Angleterre d’une province ? qu’il a accompli de grands actes ? qu’il a supprimé des impôts onéreux, favorisé l’agriculture, inauguré officiellement la langue nationale ? Est-ce que tout cela regarde Shakespeare ? Richard s’est parjuré, il doit être trahi ; Richard a usurpé, il doit être déchu ; Richard a tué, il doit mourir. Ah ! n’entendez-vous pas l’appel des spectres, et croyez-vous qu’on puisse faire la sourde oreille aux morts ? — Debout, donc ! aux armes, milord Oxford, sir James Blunt, sir Walter Herbert ! Aux armes, chevaliers ! aux armes, citoyens ! Si vous n’avez pas d’arquebuses, prenez des arbalètes ! Si vous n’avez pas d’arbalètes, prenez des bâtons ! Si vous n’avez pas de bâtons, prenez des pierres ! Et maintenant que vous êtes tous armés, si vous doutez que l’insurrection contre le tyran soit légitime, écoutez Richmond, votre chef :

« Bien-aimés compatriotes, Dieu et notre bon droit combattent pour nous. Les prières des saints et des âmes offensées se dressent devant nous comme d’immenses boulevards. Richard excepté, ceux contre qui nous combattons nous souhaitent la victoire plutôt qu’à celui qu’ils suivent. Qui suivent-ils, en effet ? Vous le savez, messieurs, un tyran sanguinaire et homicide, élevé dans le sang et établi dans le sang ! Un homme qui a employé tous les moyens pour parvenir ! Un homme qui a toujours été l’ennemi de Dieu ! Donc, au nom de Dieu et de tous les droits, arborez vos étendards et tirez vos épées ardentes ! »


Hauteville-House, mars 1859.