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la conséquence inévitable de son crime. La sorcière prédit la perte de Macbeth ; le prophète Pierre, celle de Jean ; la reine Marguerite, celle de Richard.

L’affinité, si remarquable dans le plan général, ne l’est pas moins dans la composition de certains caractères et de certaines scènes. Seyton, Hubert et Ratcliff ont tous trois le même dévouement servile pour leur roi. Ross, Pembroke et Stanley sont tous trois de l’école des Monk et des Talleyrand : ils servent le maître en attendant qu’ils le trahissent.

Dans chacune des pièces, le poète tient à prouver que les crimes commis ont été longuement prémédités. C’est devant le public que Macbeth embauche les assassins de Banquo, que le roi Jean invite Hubert à le débarrasser d’Arthur, que Richard prépare avec deux sbires la mort de Clarence. Ces scènes funèbres, où les rois flattent les meurtriers et où le sceptre courtise le poignard, ont une analogie frappante :

MACBETH, aux assassins de Banquo.

Votre courage brille à travers vous. Dans une heure au plus, je vous indiquerai où vous devez vous poster. Ayez soin de bien épier l’heure, le moment…

LE ROI JEAN.

Viens ici, Hubert, ô mon doux Hubert ; nous te devons beaucoup. Dans ces murs de chair, il y a une âme qui te tient pour son créancier et qui veut te payer ton amour avec usure… Donne-moi ta main… Bon Hubert ! Hubert ! Hubert ! jette tes yeux sur ce jeune garçon là-bas : l’avouerai-je, mon ami ? c’est un vrai serpent sur mon chemin. Et partout où mon pied se pose, il est en travers devant moi. Tu me comprends ? tu es son gardien…

RICHARD, aux assassins de Clarence.

Eh bien ! mes hardis, mes robustes, mes braves camarades, allez-vous expédier la chose ?

PREMIER ASSASSIN.

Oui, monseigneur.

RICHARD.

Je vous aime, mes enfants : vite à la besogne ! allez ! allez ! dépêchez-vous !