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duc, nous voyons que c’est votre désir à tous d’avoir pour roi ce noble seigneur. Nous ferons donc à sa grâce un rapport édifiant de cette manifestation qui, nous n’en doutons pas, sera grandement utile à votre fortune et à vos intérêts. Nous vous prions donc de nous accompagner demain auprès de sa grâce, afin de lui faire notre humble pétition et de lui présenter une requête conforme à notre projet. »

» Le lendemain, le maire, les aldermen et les principaux de la cité, s’étant réunis à Saint-Paul, se transportèrent au château de Baynard où couchait le Protecteur, tandis que, selon la convention faite, le duc de Buckingham s’y rendait de son côté, en compagnie de plusieurs nobles et d’un grand nombre de chevaliers et de gentilshommes. Le duc fit sur-le-champ annoncer au lord Protecteur la présence d’une imposante compagnie accourue pour entretenir sa grâce d’une grave affaire. Le Protecteur fit de grandes difficultés pour descendre auprès des nouveaux-venus, sans connaître le but de leur démarche, et affecta d’être mis en défiance par l’arrivée de ce grand nombre de gens qui le surprenaient ainsi, sans lui faire connaître d’abord si leurs intentions étaient favorables ou hostiles. Quand le duc eut expliqué cela au maire et aux autres pour leur prouver à quel point le Protecteur s’attendait peu à la chose, ceux-ci envoyèrent au prince le plus affectueux message, et le firent supplier par le messager de daigner les admettre en sa présence, pour qu’ils lui soumissent leur projet qu’ils ne voulaient révéler à aucun autre. À la fin, le Protecteur sortit de sa chambre, sans toutefois descendre auprès de la députation : il se fit voir à elle, entre deux évêques, sur une galerie supérieure d’où il pouvait l’entendre, affectant de ne pas l’approcher avant de savoir ce qu’elle voulait. Sur ce, le duc de Buckingham, prenant la parole au nom de