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parées. Il ne resta que lord Hastings à qui le Protecteur ordonna de faire sa confession au plus vite : — Par saint Paul, lui dit-il, je ne dînerai pas que je n’aie vu ta tête à bas. Cela ne servait de rien à lord Hastings de demander pourquoi. Accablé, il prit un prêtre, et fit une courte confession, car on ne l’eût pas tolérée trop longue, tant le Protecteur avait hâte de dîner, — et l’on sait que, pour tenir son serment impie, il ne devait pas se mettre à table avant que le meurtre fût commis. Ce fut ainsi que le chancelier fut amené sur la pelouse à côté de la chapelle, dans l’intérieur de la Tour. Sa tête fut ployée sur une poutre qui était étendue là pour la construction de la chapelle, et tyranniquement tranchée. Après quoi, ses restes furent enterrés à Windsor, près de son maître, le roi Édouard IV. Puisse Jésus pardonner à leurs âmes !

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» Le bruit de la mort de lord Hastings se répandit à travers la cité et les environs, comme un vent qui eût soufflé à l’oreille de chaque homme. Mais, immédiatement après le dîner, le Protecteur, voulant donner quelque couleur à l’affaire, fit mander en toute hâte à la Tour quelques hommes importants de la cité.

» Pour les recevoir, le duc de Buckingham et lui s’étaient équipés comme de vieux brigands de mauvaise mine, et affublés d’un costume tel que, pour le leur faire mettre sur le dos, il avait fallu, devait-on croire, la pression d’une nécessité soudaine. Le lord Protecteur expliqua à ces gens que lord Hastings et ses complices avaient fait le complot de l’assassiner, lui, ainsi que le duc de Buckingham, ce jour-là même, en conseil. Quelles étaient les intentions ultérieures des conjurés, on ne le savait pas encore bien. Le Protecteur n’avait pas eu connaissance de leur trahison avant dix heures du matin ; et voilà pourquoi, saisis d’une frayeur sou-