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RICHARD III.
la ruine, à la honte et à la mort ! — Les âmes de tes neveux te disent : Désespère et meurs !
À Richmond.

— Dors, Richmond, dors en paix et réveille-toi en joie ; — que les bons anges te gardent des atteintes du sanglier, — vis et enfante une heureuse race de rois ; — les malheureux fils d’Édouard te disent : Sois florissant !

Le spectre de la reine Anne se dresse.
LE SPECTRE DE LA REINE ANNE, à Richard.

— Richard, ta femme, cette misérable Anne, ta femme, — qui n’a jamais dormi une heure tranquille avec toi, — vient maintenant remplir ton sommeil d’agitations. — Demain, dans la bataille, pense à moi, — et que ton épée tombe émoussée ; désespère et meurs !

À Richmond.

— Toi, âme paisible, dors d’un sommeil paisible ; — rêve de succès et d’heureuse victoire ; — la femme de ton ennemi prie pour toi.

Le spectre de Buckingham se lève.
LE SPECTRE DE BUCKINGHAM, à Richard.

— J’ai été le premier à te pousser vers la couronne ; — le dernier j’ai subi ta tyrannie. — Oh ! dans la bataille, pense à Buckingham, — et meurs dans la terreur de ton crime. — Rêve, rêve d’actions sanglantes et de meurtre ! — Puisses-tu défaillir dans le désespoir, et, désespéré, rendre le souffle !

À Richmond.

— Je suis mort pour avoir désiré, sans avoir pu, te secourir. — Mais prends courage, et ne te laisse pas alarmer : — Dieu et les bons anges combattent pour Richmond, — et Richard va tomber de toute la hauteur de son orgueil.

Les spectres s’évanouissent. Richard s’éveille en sursaut.