Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.

besoin d’air et de lumière, et il aspire à des jours meilleurs. Traversons vite le xive siècle, trop funèbre encore ; laissons derrière nous tout le Moyen Âge et arrêtons-nous à l’aube des temps modernes. Nous voici au moment des grandes révélations de la science et de l’art. La peinture et la musique renaissent, l’imprimerie est découverte, le Nouveau Monde est deviné. Alors, sans doute, les mœurs, sinon les lois, doivent être plus douces et les hommes doivent être meilleurs, ne fût-ce que par lassitude du mal. Eh bien, voyons l’humanité à l’œuvre, et jugeons-la d’après son élite.

Nous sommes en 1478. Édouard IV gouverne l’Angleterre depuis bientôt sept ans. Il est roi, par la grâce de Dieu, en vertu de la victoire de Tewkesbury et de l’assassinat du prince de Galles. Mais qu’importe le moyen ? Édouard ne s’en croit pas moins légitime puisqu’il descend du troisième fils d’Édouard III, tandis que son rival ne descend que du quatrième. Édouard IV a épousé la veuve d’un petit gentilhomme de province, Élisabeth Woodewille, et il a eu d’elle deux fils, Édouard, prince de Galles, et Richard, duc d’York. Si, par malheur, ceux-ci meurent avant l’âge, la couronne doit revenir de droit au frère puîné du roi, Georges, duc de Clarence, et à ses descendants directs. Ce règlement de la succession est approuvé par les partisans de la Rose-Blanche ; pourtant, s’il faut en croire certaines indiscrétions, il ne satisfait guère le duc de Glocester, frère cadet du roi.

Quelle est la raison de ce mécontentement ? La voulez-vous savoir ? Écoutez à ce sujet un homme bien informé, un page du cardinal Morton, qui a obtenu de son éminence les renseignements les plus précis sur la cour d’Édouard IV ; écoutez maître Thomas Morus :

« Richard, duc de Glocester, était, pour l’esprit et pour