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SCÈNE II.

LADY ANNE.

— Si je croyais cela, je te déclare, homicide, — que ces ongles arracheraient cette beauté de mes joues.

RICHARD.

— Mes yeux ne supporteraient pas ce ravage de votre beauté. — Vous ne la flétririez pas, si j’étais là. — Elle m’anime comme le soleil anime l’univers ; — elle est mon jour, ma vie.

LADY ANNE.

— Qu’une nuit noire assombrisse ton jour, et la mort ta vie !

RICHARD.

— Ne te maudis pas toi-même, belle créature ; tu es l’un et l’autre.

LADY ANNE.

— Je le voudrais, pour me venger de toi.

RICHARD.

— Lutte contre nature ! — Te venger de qui t’aime !

LADY ANNE.

— Lutte juste et raisonnable ! — Me venger de qui a tué mon mari !

RICHARD.

— Celui qui t’a privée, belle dame, de ton mari — l’a fait pour t’en procurer un meilleur.

LADY ANNE.

— Un meilleur ! il n’en existe pas sur la terre.

RICHARD.

— Il en est un qui vous aime plus qu’il ne vous aimait.

LADY ANNE.

— Nomme-le.

RICHARD.

Plantagenet.