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SCÈNE I.
— de vous faire baptiser de nouveau à la Tour. — Mais de quoi s’agit-il, Clarence ? puis-je le savoir ?
CLARENCE.

— Oui, Richard, quand je le saurai : car je proteste — que je n’en sais rien encore. Mais, autant que j’ai pu le comprendre, — il écoute des prophéties et des rêves ; — il arrache la lettre G de l’alphabet, — en disant qu’un sorcier l’a prévenu — que sa lignée serait déshéritée par G, — et, parce que mon nom de George commence par G, — il en conclut dans sa pensée que ce serait par moi. — Ce sont ces sornettes-là, m’a-t-on dit, et d’autres pareilles — qui ont décidé son altesse à me faire mettre en prison.

RICHARD.

— Ah ! c’est ce qui arrive quand les hommes sont gouvernés par des femmes. — Ce n’est pas le roi qui vous envoie à la Tour, — Clarence, c’est milady Grey, sa femme ; c’est elle — qui l’entraîne à ces extrémités. — N’est-ce pas elle, et ce respectable bonhomme, — Antony Woodville, son frère, — qui lui ont fait envoyer lord Hastings à la Tour — d’où il sort aujourd’hui même ? — Nous ne sommes pas en sûreté, Clarence, nous ne sommes pas en sûreté.

CLARENCE.

— Par le ciel, je le crois, il n’y a de sécurité pour personne, — que pour les parents de la reine et pour les messagers nocturnes — qui se démènent entre le roi et mistress Shore. — N’avez-vous pas su quelles humbles supplications — lord Hastings lui a adressées, à elle, pour sa délivrance ?

RICHARD.

— C’est en se plaignant humblement à cette déité — que milord chambellan a obtenu sa liberté. — Vous l’avouerai-je ? Je pense que notre unique moyen — de rester en faveur auprès du roi — est d’être les gens de