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Sa dévotion est telle que le pape désire le bénir. En 1049, le meurtrier de Duncan quitte la cotte de mailles pour le froc de bure et l’épée pour le bourdon, puis s’en va faire pénitence à Rome. La ballade écossaise célèbre alors sa charité. « Quand Léon IX était pape, il alla comme pèlerin à la cour de Rome, semant l’argent dans ses aumônes à tous les pauvres. Toujours il travailla dans l’intérêt de la sainte Église[1]. »

Macbeth revint d’Italie, absous par le Saint-Père. Mais il avait beau être rassuré pour l’autre monde, il ne l’était pas pour celui-ci. « Il craignait toujours, dit Holinshed, qu’on ne le servît dans la même coupe qu’il avait fait vider à d’autres. Et puis il ne pouvait effacer de son esprit les paroles des trois sœurs fatidiques qui, tout en lui promettant la royauté, l’avaient promise également à la postérité de Banquo. »

Exhorté par son premier crime, Macbeth n’hésita pas devant le second. « Il invita donc le susdit Banquo, ainsi que son fils, nommé Fléance, à un souper qu’il avait préparé pour eux. Ce souper, tel qu’il l’avait imaginé, devait être pour les deux conviés une mort immédiate, Macbeth ayant loué pour les assassiner certains meurtriers qui, postés en dehors du palais, devaient tomber sur Banquo et son fils et les tuer au moment où ils retourneraient à leur logis. De cette façon, Macbeth éloignait l’accusation de sa maison, et comptait pouvoir toujours se justifier, si jamais quelque soupçon pouvait surgir à sa charge.

» Il arriva pourtant que, bien que le père fût tué, grâce à l’obscurité de la nuit, et grâce à la protection du Dieu tout-puissant, le fils échappa au danger. Fléance apprit plus tard, par un avertissement secret qu’il reçut

  1. Histoire d’Écosse, par Pinkerton.