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sance, les troupes d’amis, — je n’ai plus rien à espérer ; ce qui m’attend à la place, ce sont — des malédictions muettes, mais profondes, des hommages de bouche, murmures — que les pauvres cœurs retiendraient volontiers, s’ils l’osaient !… — Seyton !…
Entre Seyton.
SEYTON.

— Quel est votre gracieux plaisir ?

MACBETH.

Quelles nouvelles encore ?

SEYTON.

— Tous les rapports se confirment, monseigneur.

MACBETH.

— Je combattrai jusqu’à ce que ma chair tombe hachée de mes os… — Donne-moi mon armure.

SEYTON.

Il n’en est pas encore besoin.

MACBETH.

Je veux la mettre. — Qu’on lance encore de la cavalerie ; qu’on balaie la contrée d’alentour ; — qu’on pende ceux qui parlent de peur… Donne-moi mon armure… — Comment va votre malade, docteur ?

LE MÉDECIN.

Elle a moins une maladie, monseigneur, — qu’un trouble causé par d’accablantes visions — qui l’empêchent de reposer.

MACBETH.

Guéris-la de cela. — Tu ne peux donc pas traiter un esprit malade, — arracher de la mémoire un chagrin enraciné, — effacer les ennuis inscrits dans le cerveau, — et, grâce à quelque doux antidote d’oubli, — débarrasser le sein gonflé des dangereuses matières — qui pèsent sur le cœur ?