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INTRODUCTION.


I

Le voyageur qui visite l’abbaye de Westminster remarque, au fond de la chapelle d’Édouard le Confesseur, un fauteuil de forme byzantine dont le siége de bois est creux à force d’être usé, et dont le dossier, surmonté d’un chevet triangulaire, est à peine retenu par deux bras de chêne vermoulu. C’est le trône des rois d’Écosse.

En l’an de grâce 1037, ce vieux fauteuil était neuf encore. Placé sur une haute estrade dans le chœur de la cathédrale de Scone, il étincelait d’incrustations et de dorures, et les deux bêtes, aujourd’hui informes, qu’on voit couchées à ses pieds, avaient vraiment l’air de lions.

Un prince qui s’appelait Duncan venait de s’y asseoir à la place d’un autre prince qui avait nom Malcolm II.

Le roi Duncan, fils de Crinan, abbé de Dunkeld, avait été élevé plutôt pour le cloître que pour le palais. Il était bon, pacifique, et si doux que ses sujets eux-mêmes l’appelaient une sainte soupe au lait. Certes, l’avènement d’un tel prince était une excellente occasion pour les ennemis de la dynastie nouvelle. Quelques turbulents vou-