avoua qu’elle avait été obligée de s’élever avec des ailes au-dessus des flots, et même que le docteur Fian volait à côté d’elle sous la forme d’un oiseau de mer.
À cet endroit de la déposition d’Agnès, le roi, qui assistait à l’interrogatoire, s’écria qu’elle en avait menti. Sur quoi, l’accusée demanda à parler à sa majesté en particulier ; Jacques VI s’étant approché, elle lui redit tout bas à l’oreille les propres paroles qu’il avait dites à la reine, pendant la nuit de noces, à Upslo. Devant cette preuve, le roi se déclara convaincu de la véracité d’Agnès. Au surplus, la culpabilité de l’accusée était parfaitement établie par le billet suivant qu’elle reconnut avoir écrit à Marion Leuchop :
« Marion Leuchop, Ye shal warn the rest of the sisters to raise the wind this day at eleven hours, to stop the queen’s coming to Scotland[1]. » Traduction littérale : « Marion Leuchop, vous avertirez le reste des sœurs pour soulever le vent ce soir à onze heures et empêcher la reine d’arriver en Écosse. »
Les vingt-huit personnes dénoncées par Agnès furent arrêtées. Interrogées la corde au cou, toutes confessèrent presque immédiatement leur complicité dans l’attentat. Un seul accusé résista : ce fut le docteur John Fian, maître d’école à Tranent. Les bourreaux eurent beau tordre la corde : il se laissait étrangler. Il fallut donc changer le mode de question. Le bourreau appliqua au prévenu le supplice des bottes, qui consistait à lui broyer lentement les deux genoux. Le docteur n’avoua rien encore. Le bourreau prit des tenailles et lui arracha un à un les ongles des doigts. Le docteur n’avoua rien encore.
Tout cela se passait en présence du roi.
- ↑ Records of the High Court of Justiciary. Papers on the marriage of James VI with Anna of Denmark (XVI).