Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/263

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et joies de toutes les heures !
Ainsi Junon vous chante ses bénédictions.

CÉRÈS.

À vous les fruits de la terre, les récoltes à foison,
Les granges et les greniers toujours pleins,
Les vignes toujours chargées de grappes,
Les plantes courbées sous un poids magnifique !
Que le printemps vous revienne au plus tard
À la fin même de la moisson !
Que la disette et le besoin s’écartent de vous !
Ainsi Cérès vous bénit.

FERDINAND.

— Quelle majestueuse vision ! et — quelle charmante harmonie ! Oserai-je — croire que ce sont des esprits ?

PROSPERO.

Des esprits que par mon art — j’ai appelés de leur retraite pour exécuter — mes fantaisies urgentes.

FERDINAND.

Puissé-je vivre ici toujours ! — Un père, une femme, si rares, si merveilleux, — font de ce lieu le paradis.

Junon et Cérès se parlent à voix basse et envoient Iris exécuter un ordre.
PROSPERO.

Doucement maintenant ! Silence ! — Junon et Cérès chuchotent gravement. — Il reste autre chose à voir. Chut ! Soyez muets, — ou autrement notre charme est rompu.

IRIS.

Vous qu’on appelle naïades, nymphes des ruisseaux errants,
Aux couronnes de glaïeul, aux regards toujours innocents,
Quittez vos canaux ondes, et sur cette terre verte
Paraissez à mon appel. Junon vous le commande :
Venez, chastes nymphes, aider à célébrer
Une union d’amour pur. Ne tardez pas.