Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/230

Cette page a été validée par deux contributeurs.
eût saisis ; en bien, ils n’en seraient pas plus mal — qu’ils ne sont.
Montrant Alonso.

Il y aurait quelqu’un pour gouverner Naples — aussi bien que ce dormeur ; et des seigneurs pour jaser — aussi abondamment et aussi inutilement — que ce Gonzalo : je pourrais moi-même faire — une pie aussi profondément bavarde… Oh ! si vous portiez — une âme comme la mienne ! comme ce sommeil servirait — à votre avancement !… Me comprenez-vous ?

SÉBASTIEN.

— Oui, il me semble.

ANTONIO.

Et avec quelle satisfaction — accueillez-vous votre bonne fortune ?

SÉBASTIEN.

Je me souviens — que vous avez supplanté votre frère Prospero.

ANTONIO.

C’est vrai. — Aussi voyez comme mes vêtements me vont bien ! — beaucoup plus élégants qu’auparavant ! Les sujets de mon frère — étaient mes égaux alors ; ce sont mes gens à présent.

SÉBASTIEN.

— Mais votre conscience ?

ANTONIO.

Bah ! monsieur, où placez-vous ça ? Si c’était une engelure, — elle me retiendrait dans mes pantoufles ; mais je ne sens pas — cette divinité-là dans mon cœur. Y eût-il vingt consciences — de glace interposées entre Milan et moi, — elles fondraient avant de me gêner… Ici gît votre frère ; — il ne vaudrait pas mieux que la terre où il repose, — s’il était en réalité ce qu’il est en apparence. Je puis, — avec trois pouces seulement de cet acier