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Sachez donc que je suis Étriqué le Menuisier,
Un lion terrible, non, pas plus qu’une lionne ;
Car, si je venais comme lion chercher querelle
En ce lieu, ce serait au péril de ma vie.

THÉSÉE.

Une bien gentille bête et une bonne âme !

DÉMÉTRIUS.

La meilleure âme de bête que j’aie jamais vue, monseigneur.

LYSANDRE.

Ce lion est un vrai renard pour la valeur.

THÉSÉE.

Oui, et une oie pour la prudence.

DÉMÉTRIUS.

Non pas, monseigneur ; car sa valeur ne peut emporter sa prudence, et un renard peut emporter une oie.

THÉSÉE.

Sa prudence, j’en suis sûr, ne peut pas emporter sa valeur ; car l’oie n’emporte pas le renard. C’est bien. Laissez-le à sa prudence et écoutons la lune.

LA LUNE.

Cette lanterne vous représente la lune et ses cornes…

DÉMÉTRIUS, l’interrompant.

Il aurait dû porter les cornes sur sa tête.

THÉSÉE.

Ce n’est pas un croissant, c’est une pleine lune où les cornes sont invisibles.

LA LUNE, reprenant.

Cette lanterne vous représente la lune et ses cornes,
Et moi-même je suis censé être l’homme qu’on voit dans la lune (14).

THÉSÉE.

Voilà la plus grande de toutes les bévues. L’homme