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Entre Obéron.
OBÉRON, pressant la fleur sur les paupières de Titania.

Que l’être que tu verras à ton réveil
Soit par toi pris pour amant !
Aime-le et languis pour lui ;
Quel qu’il soit, once, chat, ours,
Léopard ou sanglier au poil hérissé,
Que celui qui apparaîtra à tes yeux,
Quand tu t’éveilleras, soit ton chéri !
Réveille-toi, quand quelque être vil approchera.

Il sort.
Entrent Lysandre et Hermia.
LYSANDRE.

— Bel amour, vous vous êtes exténuée à errer dans le bois, — et, à vous dire vrai, j’ai oublié notre chemin. — Nous nous reposerons ici, Hermia, si vous le trouvez bon, — et nous attendrons la clarté secourable du jour.

HERMIA, s’étendant contre une haie.

— Soit, Lysandre. Cherchez un lit pour vous, — moi, je vais reposer ma tête sur ce banc.

LYSANDRE, s’approchant d’elle.

— Le même gazon nous servira d’oreiller à tous deux ; — un seul cœur, un seul lit ; deux âmes, une seule foi.

HERMIA.

— Non, bon Lysandre ; pour l’amour de moi, mon cher, — étendez-vous plus loin, ne vous couchez pas si près.

LYSANDRE.

— Oh ! saisissez, charmante, la pensée de mon innocence ; — l’amour doit saisir l’intention dans le langage de l’amour. — Je veux dire que nos deux cœurs sont