Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LECOING.

Vous, le père de Pyrame ; moi, le père de Thisbé… Vous, Étriqué, le menuisier, vous aurez le rôle du lion… Et voilà, j’espère, une pièce bien distribuée.

ÉTRIQUÉ.

Avez-vous le rôle du lion par écrit ? Si vous l’avez, donnez-le-moi, je vous prie, car je suis lent à apprendre.

LECOING.

Vous pouvez improviser, car il ne s’agit que de rugir.

BOTTOM.

Laissez-moi jouer le lion aussi ; je rugirai si bien que ça mettra tout le monde en belle humeur de m’entendre ; je rugirai de façon à faire dire au duc : Qu’il rugisse encore ! qu’il rugisse encore !

LECOING.

Si vous le faisiez d’une manière trop terrible, vous effraieriez la duchesse et ces dames, au point de les faire crier ; et c’en serait assez pour nous faire tous pendre.

TOUS.

Cela suffirait pour que nos mères eussent chacune un fils pendu.

BOTTOM.

Je conviens, mes amis, que, si vous rendiez ces dames folles de terreur, il leur resterait juste assez de raison pour nous faire pendre. Mais je contiendrai ma voix, de façon à vous rugir aussi doucement qu’une colombe à la becquée. Je vous rugirai à croire que c’est un rossignol.

LECOING.

Vous ne pouvez jouer que Pyrame. Pyrame, voyez-vous, est un homme au doux visage ; un homme accompli, comme on doit en voir un jour d’été ; un homme très-aimable et très comme il faut ; donc, il faut absolument que vous jouiez Pyrame.