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INTRODUCTION
AUX DEUX HAMLET


La bibliothèque que pouvait avoir le jeune William Shakespeare, quand il demeurait chez son père, à Stratford-sur-Avon, n’était pas bien considérable. Les ouvrages qui devaient le plus l’intéresser, les ouvrages purement littéraires étaient encore fort rares. William savait peu le latin et encore moins le grec, little latin and less greek, comme nous l’a dit Ben Jonson ; il avait reçu l’éducation sommaire que la corporation de Stratford accordait gratuitement à tous les enfants de la commune. Il ignorait donc forcément les maîtres de l’antiquité qui n’avaient pas été traduits : il ne connaissait ni Homère, ni Eschyle, ni Sophocle, ni Euripide, ni Aristophane, ni Plaute, ni Virgile, ni Tacite, ni Juvénal. Parmi les auteurs grecs, les seuls qu’il pût lire étaient des historiens : Hérodote (traduit en 1544), Thucydide (en 1550), Polybe (en 1568), Diodore de Sicile (en 1569), Appien (en 1578), Ælien (en 1576), et enfin Plutarque traduit par North, non sur le texte original, mais sur la traduction d’Amyot.