Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CORAMBIS.

Maintenant, bon voyage ! recommandez-moi bien à lui.

MONTANO.

Oui, monseigneur.

CORAMBIS.

Et laissez-le exécuter sa musique.

MONTANO.

Oui, monseigneur.

CORAMBIS.

Adieu.

Sort Montano.
Entre Ofélia.
CORAMBIS.

Eh bien ! Ofélia ? qu’avez-vous donc ?

OFÉLIA.

Oh ! mon cher père, un tel changement de nature ! — une si grande altération dans un prince ! — si déplorable pour lui, si effrayante pour moi ! — Jamais l’œil d’une vierge n’a rien vu de pareil.

CORAMBIS.

Eh bien ! qu’y a-t-il, mon Ofélia ?

OFÉLIA.

Ô jeune prince Hamlet, fleur unique du Danemark ! — le voilà dépouillé de tous ses biens ! — Le joyau qui ornait le plus sa physionomie — est volé, emporté ! Sa raison enlevée ! — Il m’a trouvée me promenant toute seule dans la galerie ; — il est venu à moi, le regard égaré, — les jarretières traînant, les souliers dénoués, — et il a si fermement fixé ses yeux sur mon visage — qu’ils semblaient avoir juré que ce fût là leur objet suprême. — Il est resté ainsi quelque temps, puis il m’a saisie par le poignet, — et il m’a serré le pouls jusqu’au moment où, avec un soupir, — il a lâché prise ; et il s’est