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— Le vent est assis sur l’épaule de votre voile, — et l’on vous attend. Voici ma bénédiction. — Et puis ces quelques préceptes pour ta mémoire : — Sois familier, mais nullement vulgaire ; — quand tu as adopté et éprouvé un ami, — accroche-le à ton âme avec un anneau d’acier, — mais ne durcis pas ta main au contact — de chaque nouveau camarade frais éclos. — Garde-toi d’entrer dans une querelle, mais une fois dedans, — comporte-toi de manière que l’adversaire se garde de toi. — Que ton vêtement soit aussi coûteux que ta bourse te le permet, — sans être de mode excentrique ; — car le vêtement révèle souvent l’homme, — et, en France, les gens de qualité et du meilleur rang — ont sous ce rapport le goût le plus exquis et le plus digne. — Avant tout, sois loyal envers toi-même ; — et aussi infailliblement que la nuit suit le jour, — tu ne pourras être déloyal envers personne. — Adieu. Que ma bénédiction soit avec toi.
LÉARTES.

Je prends humblement congé de vous. Adieu Ofélia, — et souvenez-vous bien de ce que je vous ai dit.

Il sort.
OFÉLIA.

Tout est enfermé dans mon cœur, — et vous en garderez vous-même la clef.

CORAMBIS.

Que vous a-t-il dit, Ofélia ?

OFÉLIA.

Quelque chose touchant le seigneur Hamlet.

CORAMBIS.

Bonne idée, pardieu ! On m’a donné à entendre — que vous aviez été trop prodigue de votre virginale présence — envers le prince Hamlet. S’il en est ainsi, — et l’on me l’a confié par voie de précaution, — je dois vous