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Non ; si un homme se laisse battre par des bons mots[1], il n’aura rien de beau sur lui. Bref, puisque j’ai tentation de me marier, je ne fais plus aucun cas de tout ce que le monde voudra en dire : ainsi ne me raillez jamais de tout ce que j’ai pu dire contre le mariage, car l’homme est un être changeant, et c’est là ma conclusion. – Quant à vous, Claudio, je m’attendais à vous rosser : mais en considération de ce que vous avez bien l’air de devenir mon parent, vivez sans blessure ; et aimez ma cousine.

CLAUDIO. — J’espérais que vous auriez refusé Béatrice ; et que j’aurais pu vous faire finir sous le bâton votre existence solitaire, pour vous apprendre à être un homme à deux faces ; ce que vous serez, sans contredit, si ma cousine ne veille pas sur vous de bien près.

BÉNÉDICK. — Allons, allons, nous sommes amis. – Un tour de danse avant d’être mariés, afin que nous puissions alléger nos cœurs et les talons de nos femmes.

LÉONATO. — La danse viendra après.

BÉNÉDICK. — Nous commencerons par là, sur ma parole. – Allons, musique, jouez. – Prince, vous êtes mélancolique : prenez-moi une femme. Il n’est point de bâton plus vénérable que celui dont la pomme est garnie de corne.

(Entre un messager.)

LE MESSAGER. — Seigneur, votre frère don Juan a été pris dans sa fuite, et une escorte de gens armés l’a ramené à Messine.

BÉNÉDICK. — Ne songez pas à lui jusqu’à demain : je vous donnerai l’idée d’une bonne punition pour lui. – Allons, flûtes, partez.

(On danse, ensuite tous sortent.)

  1. Brain, cerveau et esprit, saillie, bon mot.