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tombe avant de mourir, il ne vivra pas dans son monument plus longtemps que ne dureront le son de la cloche funèbre et les larmes de sa veuve.

BÉATRICE. — Et combien croyez-vous qu’elles durent ?

BÉNÉDICK. — Quelle question ! Eh ! mais, une heure de cris et un quart d’heure de pleurs : en conséquence, il est fort à propos pour le sage, si Don Ver[1] (sa conscience) n’y trouve pas d’empêchement contraire, d’être le trompette de ses propres vertus, comme je le suis pour moi-même : en voilà assez sur l’article de mon panégyrique, à moi, qui me rendrai témoignage que j’en suis digne. – À présent, dites-moi, comment va votre cousine ?

BÉATRICE. — Fort mal.

BÉNÉDICK. — Et vous-même ?

BÉATRICE. — Fort mal aussi.

BÉNÉDICK. — Servez Dieu, aimez-moi, et, corrigez-vous. Je vais vous quitter là-dessus, car voici quelqu’un de fort pressé qui accourt.

(Entre Ursule.)

URSULE. — Madame, il faut venir auprès de votre oncle : il y a bien du tumulte au logis, vraiment. Il est prouvé que ma maîtresse Héro a été faussement accusée ; que le prince et Claudio ont été grossièrement trompés, et que c’est don Juan qui est l’auteur de tout ; il s’est enfui ; il est parti : voulez-vous venir sur-le-champ ?

BÉATRICE. — Voulez-vous, seigneur, venir entendre ces nouvelles ?

BÉNÉDICK. — Je veux vivre dans votre cœur, mourir sur vos genoux, être enseveli dans vos yeux ; et en outre je veux aller avec vous chez votre oncle.

(Ils sortent.)

  1. Don worm, le ver du remords.