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seul.—Chez Adriana ! c’est-à-dire, celle chez laquelle nous avons diné, où Dousabelle m’a réclamé pour son mari : elle est un peu trop grosse, j’espère, pour que je puisse l’embrasser ; il faut que j’y aille, quoique contre mon gré : car il faut que les valets exécutent les ordres de leurs maîtres.

(Il sort.)


Scène II

La scène se passe dans la maison d’Antipholus d’Éphèse.

ADRIANÀ ET LUCIANA.

ADRIANA.—Comment, Luciana, il t’a tentée à ce point ? As-tu pu lire dans ses yeux si ses instances étaient sérieuses ou non ? Était-il coloré ou pâle, triste ou gai ? Quelles observations as-tu faites en cet instant, sur les météores de son cœur qui se combattaient sur son visage20.

Niote 20 : (retour) Allusion à ces météores de l’atmosphère qui ressemblent à des rangs de combattants. Shakspeare leur compare ailleurs les guerres civiles, WARBURTON.

LUCIANA.—D’abord, il a nié que vous eussiez aucun droit sur lui ?

ADRIANA.—Il voulait dire qu’il agissait comme si je n’en avais aucun, et je n’en suis que plus indignée.

LUCIANA.—Ensuite il m’a juré qu’il était étranger ici.

ADRIANA.—Et il a juré la vérité tout en se parjurant.

LUCIANA.—Alors j’ai intercédé pour vous.

ADRIANA.—Eh bien ! qu’a-t-il dit ?

LUCIANA.—L’amour que je réclamais pour vous, il me l’a demandé à moi.

ADRIANA.—Avec quelles persuasions a-t-il sollicité ta tendresse ?

LUCIANA.—Dans des termes qui, dans une demande honnête, eussent pu émouvoir. D’abord il a vanté ma beauté, ensuite mon esprit.

ADRIANA.—Lui as-tu répondu poliment ?

LUCIANA.—Ayez patience, je vous en conjure.