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vit héréditairement et s’établit pour toujours LA où elle prend une fois possession.

ANTIPHOLUS d’Éphèse.—Vous l’emportez. Je vais me retirer tranquillement, et en dépit de la joie, je prétends être gai.—Je connais une fille de charmante humeur, jolie et spirituelle, un peu écervelée, et douce pourtant.—Nous dînerons LA : ma femme m’a souvent fait la guerre, mais sans sujet, je le proteste, à propos de cette fille ; nous irons dîner chez elle.—Retournez chez vous, et rapportez la chaîne.—Elle est finie à l’heure qu’il est, j’en suis sûr. Apportez-la, je vous prie, au Porc-Épic, car c’est LA où nous allons. Je veux faire présent de cette chaîne à ma belle hôtesse, ne fût-ce que pour piquer ma femme : mon cher ami, mon cher ami, dépêchez-vous : puisque ma maison refuse de me recevoir, j’irai frapper ailleurs, et nous verrons si l’on me rebutera de même.

ANGELO.—J’irai vous trouver à ce rendez-vous dans quelque temps d’ici.

ANTIPHOLUS.—Faites-le : cette plaisanterie me coûtera quelques frais.

(Ils sortent.)


Scène II

La maison d’Antipholus d’Éphèse.

LUCIANÀ paraît avec ANTIPHOLUS de Syracuse.

LUCIANA.—Eh ! serait-il possible que vous eussiez tout à fait oublié les devoirs d’un mari ? Quoi, Antipholus, la haine viendra-t-elle, dès le printemps de l’amour, corrompre les sources de votre amour ? L’amour, en commençant de bâtir, menacera-t-il déjà ruine ? Si vous avez épousé ma sœur pour sa fortune, du moins, en considération de sa fortune, traitez-la avec plus de douceur. Si vous aimez ailleurs, faites-le en secret ; masquez votre amour perfide de quelque apparence de mystère, et que ma sœur ne le lise pas dans vos yeux. Que votre langue ne soit pas elle-même le héraut de votre honte ; un tendre