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ANGUS. — Nous ferons bien d’aller les joindre près de la forêt de Birnam ; c’est par cette route qu’ils arrivent.

CAITHNESS. — Qui sait si Donalbain est avec son frère ?

LENOX. — Certainement non, seigneur, il n’y est pas. J’ai une liste de toute cette noblesse : le fils de Siward en est, ainsi qu’un grand nombre de jeunes gens encore sans barbe, et qui vont pour la première fois faire acte de virilité.

MENTEITH. — Que fait le tyran ?

CAITHNESS. — Il fait fortifier solidement le grand château de Dunsinane. Quelques-uns disent qu’il est fou ; d’autres, qui le haïssent moins, appellent cela une courageuse fureur. Mais ce qu’il y a de certain, c’est qu’il ne peut plus boucler la ceinture de la règle sur une cause aussi malade.

ANGUS. — Il sent maintenant ses meurtres secrets blesser ses propres mains. A chaque instant de nouvelles révoltes viennent lui reprocher son manque de foi. Ceux qu’il commande n’obéissent qu’à l’autorité, et nullement à l’amour. Il commence à sentir la dignité souveraine l’embarrasser de son ampleur inutile, comme la robe d’un géant volée par un nain.

MENTEITH. — Qui pourra blâmer ses sens troublés de reculer et de tressaillir, quand tout ce qui est en lui se reproche sa propre existence ?

CAITHNESS. — Marchons ; allons porter notre obéissance à qui elle est légitimement due. Allons trouver le médecin de cet État malade ; et versons avec lui jusqu’à la dernière goutte de notre sang pour le remède de notre patrie.

LENOX. — Tout ce qu’il en faudra du moins pour arroser la fleur royale et noyer les mauvaises herbes. Dirigeons notre marche vers Birnam.



Scène III

A Dunsinane.—Un appartement du château.

Entrent MACBETH, LE MÉDECIN ; suite.

MACBETH, aux personnes de sa suite. — Ne m’apportez