Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/293

Cette page n’a pas encore été corrigée

veuves, de nouveaux orphelins pleurent ; chaque jour de nouveaux accents de douleur vont frapper la face du ciel, qui en retentit, comme s’il était sensible aux maux de l’Écosse, et qu’il répondit par des cris aussi lamentables.

MALCOLM. — Je pleure sur ce que je crois ; je crois ce que j’ai appris, et ce que je puis redresser sera redressé dès que je trouverai l’occasion amie. Il peut se faire que ce que vous m’avez raconté soit vrai : cependant ce tyran, dont le nom seul blesse notre langue, passa autrefois pour un honnête homme ; vous l’avez aimé chèrement ; il ne vous a point encore fait de mal. Je suis jeune, mais vous pourriez vous faire un mérite près de lui à mes dépens ; et c’est sagesse que d’offrir un pauvre, faible et innocent agneau pour apaiser un dieu irrité.

MACDUFF. — Je ne suis pas traître.

MALCOLM. — Mais Macbeth l’est. Un bon et vertueux naturel peut plier sous la main d’un monarque. Je vous demande pardon ; mes idées ne changent point ce que vous êtes en effet : les anges sont demeurés brillants, quoique le plus brillant soit tombé ; et quand tout ce qu’il y a d’odieux se présenterait sous les traits de la vertu, la vertu n’en conserverait pas moins son aspect ordinaire.

MACDUFF. — J’ai perdu mes espérances.

MALCOLM. — Peut-être là même où j’ai trouvé des doutes. Pourquoi avez-vous si brusquement quitté, sans prendre congé d’eux, votre femme et vos enfants, ces précieux motifs de nos actions, ces puissants liens d’amour ? —Je vous prie, ne voyez pas dans mes soupçons des affronts pour vous, mais seulement des sûretés pour

    natal. Dans cette supposition, ils ont expliqué le mot bestride par être à cheval, à la manière d’un homme qui met entre ses jambes, pour le défendre, l’objet qu’on veut lui enlever. Cette explication me paraît être forcée et nullement en rapport avec le reste du dialogue.—Malcolm parle de se retirer dans un coin pour pleurer ; Macduff veut au contraire qu’il se rende dans son pays, et part de là pour lui décrire les maux de ce pays : cela est naturel.