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(À Lenox.) Où sont ces gentilshommes ? Viens, conduis-moi vers eux.

(Ils sortent.)


Scène II

A Fife.—Un appartement du château de Macduff.

Entrent lady MACDUFF, son JEUNE FILS, ROSSE.

LADY MACDUFF. — Qu’avait-il fait qui pût le forcer à fuir son pays ?

ROSSE. — Ayez patience, madame.

LADY MACDUFF. — Il n’en a pas eu, lui. Sa fuite est une folie ; à défaut de nos actions, ce sont nos frayeurs qui font de nous des traîtres.

ROSSE. — Vous ne savez pas si ç’a été en lui sagesse ou frayeur.

LADY MACDUFF. — Sagesse ! de laisser sa femme, laisser ses petits enfants, ses biens, ses titres dans un lieu d’où il s’enfuit ! Il ne nous aime point, il ne ressent point les mouvements de la nature. Le pauvre roitelet, le plus faible des oiseaux dispute dans son nid ses petits au hibou. Il n’y a que de la frayeur, aucune affection, et tout aussi peu de sagesse, dans une fuite précipitée ainsi contre toute raison.

ROSSE. — Chère cousine, je vous en prie, gouvernez-vous ; car, pour votre époux, il est généreux, sage, judicieux, et connaît mieux que personne ce qui convient aux circonstances. Je n’ose pas trop en dire davantage ; mais ce sont dis temps bien cruels que ceux où nous sommes des traîtres sans nous en douter nous-mêmes, où le bruit menaçant arrive jusqu’à nous sans que nous sachions ce qui nous menace, et ou nous flottons au hasard, sans nous diriger, sur une mer capricieuse et irritée[1]. Je prends congé de vous ; vous ne tarderez pas

  1. :When we hold rumour
    From what we fear, yet know not what we fear.
    But float upon a wild and violent sea,
    Each way and move.
    Les commentateurs me paraissent n’avoir pas compris ce passage