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ACTE III, SCÈNE VIII.

Le soldat.

Pendant qu’il était encore à Rome, son armée marchait par légers détachements, qui ont trompé tous les espions.

Canidius.

Quel est son lieutenant, le sais-tu ?

Le soldat.

On dit que c’est un certain Taurus.

Canidius.

Oh ! je connais l’homme !

(Un messager arrive.)
Le messager.

L’empereur demande Canidius.

Canidius.

Le temps est gros d’évènements, et en enfante à chaque minute.

(Ils sortent.)



Scène VIII

Une plaine près d’Actium.
Entrent CÉSAR, TAURUS, officiers et autres.
César.

Taurus !

Taurus.

Seigneur !

César.

N’agis point sur terre ; reste tranquille, et ne provoque pas le combat que l’affaire ne soit décidée sur mer : ne dépasse pas les ordres de ce parchemin, notre fortune en dépend.

(Ils sortent.)
(Entrent Antoine et Énobarbus.)
Antoine.

Plaçons nos escadrons de ce côté de la montagne, en face de l’armée de César ; de ce poste, nous pourrons découvrir le nombre de ses vaisseaux et agir en conséquence.

(Ils sortent.)
(Canidius traverse le théâtre d’un côté avec son armée de terre, et Taurus, lieutenant de César, passe de l’autre côté, dès qu’ils ont disparu on entend le bruit d’un combat naval.)
Énobarbus

Tout est perdu ! tout est perdu ! Je n’en puis voir davantage. L’Antoniade[1], le vaisseau ami-

  1. « La galère capitainesse de Cléopâtre s’appelait Antoniade, en laquelle il advint une chose de sinistre présage ; des arondelles avaient fait leurs nids dessoubs la pouppe : il y en vint d’autres puis après qui chassèrent ces premières, et démolirent leurs nids. » Plutarque.