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ACTE I, SCÈNE V.

animaux mêmes auraient rejetées avec dégoût. Ton palais ne dédaignait pas alors les fruits les plus sauvages des buissons épineux. Tel que le cerf affamé, lorsque la neige couvre les pâturages, tu mâchais l’écorce des arbres. On dit que sur les Alpes tu te repus d’une chair étrange, dont la vue seule fit périr plusieurs des tiens ; et toi (ton honneur souffre maintenant de ces récits) tu supportas tout cela en guerrier si intrépide, que ton visage même n’en fut pas altéré.

Lépide.

C’est bien dommage.

César.

Que la honte le ramène promptement à Rome. Il est temps que nous nous montrions tous deux sur le champ de bataille. Assemblons, sans tarder, notre conseil, pour concerter nos projets. Pompée prospère par notre indolence.

Lépide.

Demain, César, je serai en état de vous instruire, avec exactitude, de ce que je puis exécuter sur mer et sur terre, pour faire face aux circonstances présentes.

César.

C’est aussi le soin qui m’occupera jusqu’à demain. Adieu.

Lépide.

Adieu, seigneur. Tout ce que vous apprendrez d’ici là des mouvements qui se passent au dehors, je vous conjure de m’en faire part.

César.

N’en doutez pas, seigneur ; je sais que c’est mon devoir.

(Ils sortent.)



Scène V

Alexandrie. — Appartement du palais.
Entrent CLÉOPÂTRE, CHARMIANE, IRAS, l’eunuque MARDIAN.
Cléopâtre.

Charmiane.

Charmiane.

Madame ?

Cléopâtre.

Ah ! ah ! donne-moi une potion de mandragore[1].

  1. Plante narcotique.