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SCÈNE VIII.

— moi-même, couvert de blessures incurables, — je dois laisser ma couronne au pouvoir d’Humber.

strumbo.

Que le Seigneur ait pitié de nous !… On dirait, messieurs, que c’est un jour férié ; car voilà bien des hommes qui font la sieste dans les champs ; mais Dieu sait que c’est tout à fait contre leur gré.

thrasimachus.

— Fuis, noble Albanact, sauve-toi ; — les Scythes nous poursuivent en toute hâte, — et il ne reste plus qu’à fuir ou à mourir. — Fuis, noble Albanact, sauve-toi.

Il s’enfuit, alarmé.
albanact.

— Non ! que ceux-là fuient qui craignent de périr, — et qui tremblent au seul nom de la mort fatale. — Jamais le superbe Humber ne se vantera, ne se targuera — d’avoir mis en fuite le jeune Albanact ; — mais, de peur qu’il ne triomphe de ma défaillance, — cette épée va enlever la vie à son maître — dont elle a si souvent sauvé la vie menacée. — Mais, ô mes frères, si vous avez souci de moi, — vengez ma mort sur la tête de ce traître.

Et vos queis domus est nigrantis regia Ditis,
Qui regitis rigido stygios moderamine lucos,
Rex cæci regina poli, furialis Erinnys,
Dîque deæque omnes, Albanum tollite regem,
Tollite flumineis undis rigidaque palude ;
Nunc me fata vocant, hoc condam pectore ferrum.

Il se poignarde.
Entre Trompart.
TROMPART, regardant Albanact.

Oh ! qu’a-t-il fait ? Son nez saigne ; mais ça sent le renard par ici !… Voyez donc où mon maître est couché… Maître ! maître !