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SCÈNE IV.

percer le marbre le plus dur ; — nous, nous avons fini par atteindre Albion. — Ni le barbare souverain des Daces, ni le maître de la brave Belgique — n’ont pu nous empêcher de nous frayer un passage jusqu’à cette île. — Or, j’apprends qu’une troupe de Phrygiens, — sous la conduite du fils de Posthumius, — a dressé ici ses tentes seigneuriales, — et compte prospérer dans cette île charmante. — Mais je déjouerai leurs folles espérances, — et je leur apprendrai que l’empereur Scythe — mène la Fortune liée à une chaîne d’or, — et la contraindra de céder à sa volonté — et de lui faire hommage de leur couronne royale ; — cette couronne, je l’aurai, en dépit de leur triple armée, — et de toutes les forces que peuvent m’opposer leurs petits rois.

hubba.

— Si celle qui domine la porte d’or de Rhamnis — nous accorde l’honneur de la victoire, — comme elle nous a favorisés jusqu’ici, — très-noble père, nous dominerons ce pays, — assis sur des trônes constellés de topazes ; — et Locrine et ses frères seront forcés de reconnaître — qu’Humber et son fils doivent seuls régner ici.

humber.

— Courage, mon fils ! La fortune nous favorisera — et nous conférera la couronne de lauriers — qui ne décore que les plus nobles conquérants. — Mais que dit Estrilde de ces contrées ? Comment en trouve-t-elle le climat ? — Plaisent-elles à ses yeux gracieux ?

estrilde.

— Sire, ces plaines garnies des richesses de Flore, — et jonchées de fleurs de mille couleurs, — ont un charme exquis pour ma pensée ; — ces collines aériennes, couvertes de halliers ombreux, — ces halliers pleins d’oiseaux mélodieux, — ces oiseaux qui font entendre de célestes accords, — rappellent les bois de Thessalie, — où Phébus, avec les neuf dames savantes, — fait ses délices de la plus suave musi-