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SCÈNE I.

nous lui proposions. — De la Grèce à travers l’orageux Hellespont, — nous arrivâmes dans les champs de Lestrigon, — où était notre frère Corinéius ; — puis nous traversâmes le golfe de Sicile, — et, franchissant la mer Illicienne, — nous atteignîmes les côtes de l’Aquitaine ; — là, avec une armée de barbares gaulois, — Gossarius et son frère Gathelus — attaquèrent notre troupe et furent mis en déroute. — C’est là que pour vous je perdis mon cher Turnus, — Turnus qui, en une heure, avec sa hache de bataille effilée, — avait tué six cents hommes d’armes. — De là nous parvînmes heureusement — sur la rive d’Albion, au havre de Corus ; — nous écrasâmes les géants, descendants de la race d’Albion, — ainsi que Gogmagog, fils de Samothée, — le capitaine maudit de ce peuple damné, — et enfin je vous établis dans cette île. — Maintenant voyons si mes laborieux efforts, — si tous mes soins, si toutes mes graves blessures, — si toutes mes peines n’ont pas été inutiles.

corinéius.

— Dès le premier jour où je t’ai suivi, toi et les tiens, brave roi, — j’ai risqué ma vie et le plus pur de mon sang — pour obtenir les faveurs de ta main princière ; — pour cela, dans de dangereuses entreprises, — dans maints conflits, dans diverses querelles, — j’ai montré le courage de mon âme virile ; — pour cela j’ai combattu Gathelus, — le frère de Gossarius de Gaule ; — pour cela, je me suis mesuré avec le furieux Gogmagog, — le sauvage capitaine d’une bande sauvage ; — et en récompense de ces actes, j’ai reçu la noble terre de Cornouailles, — don gracieux d’une gratitude royale ; — et en échange de ce don, Corinéius est prêt à sacrifier, — pour le bonheur de Brutus, sa vie et le plus pur de son sang.

debon.

— Brave prince, l’engagement que mon ami vient de