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LA PURITAINE OU LA VEUVE DE WATLING STREET.

george.

Les évocations au diable ! Sur ma parole, je ne voudrais pas que tu eusses affaire au diable dans tes évocations… Tiens, regarde, j’ai apporté un cercle tout tracé pour toi.

le capitaine.

Morbleu ! es-tu dans ton bon sens ? Sais-tu ce que tu dis ? Tu parles à un capitaine d’évocations ! As-tu jamais vu un capitaine évoquer ? Tu appelles ça un cercle ? il est beaucoup trop vaste, ce me semble ; s’il avait été plus étroit, alors je saurais ce que je dois en faire.

george.

Eh ! le premier imbécile venu sait ça, capitaine. Je vous parle sans détour, capitaine, si vous voulez rester ici et être pendu aux prochaines assises, vous le pouvez.

le capitaine.

Non, ma foi, George. Allons, allons, adonnons-nous aux évocations.

george.

Vous désirez votre délivrance ? Eh bien, je me suis ingénié pour l’obtenir, et j’ai mis tout en œuvre pour l’assurer ; je veux, en outre, garnir votre bourse d’écus, et vous préparer un meilleur avenir, vous êtes un pauvre capitaine ; je veux faire de vous désormais un commandant des riches imbéciles : c’est la carrière la plus féconde, vraiment, que la paix vous ouvre, beaucoup plus sûre que l’exploitation des grands chemins, des bruyères et des garennes, et cependant bien plus lucrative. Car les plus grands voleurs ne sont jamais pendus, jamais pendus. Pourquoi ? parce qu’ils sont habiles, et filoutent en chambre. Ils savent châtier les niais et leur soutirer en une nuit plus d’argent que votre escroquerie hongre n’en enlèvera en une année de course. Ce qui confirme le vieux dicton de nos grand-mères : Celui-là est le plus sensé, qui se tient le plus chaudement, c’est-à-dire, celui qui vole près d’un bon feu.