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SCÈNE IV.

Pardieu, capitaine, je suis sincèrement affligé de ce qui t’arrive.

le capitaine.

Ma foi, George, je te remercie. Mais bah ! ce qui doit être, doit être.

escarmouche.

Capitaine, pourquoi êtes-vous à l’ombre ? Est-ce grave ? Quel est votre délit ?

le capitaine.

En vérité, mon délit est ordinaire, commun même, un délit de grand chemin ; et je crains que ma peine ne soit tout aussi ordinaire et tout aussi commune, la hart !

george.

Ah ! ne fais pas de prophétie si noire. Il faudra que je joue de malheur, si je ne te sauve pas la vie.

le capitaine.

Que je vive ou que je meure, tu es un honnête George. Je vais vous dire… L’argent ne coulait plus dans mes poches, comme dans le temps, car aujourd’hui le courant va du côté des maquereaux et des flatteurs… J’ai fait une sortie, et je suis tombé par hasard sur un gros intendant, dont je croyais la bourse aussi replète que la personne. Le gueux n’avait sur lui qu’une misérable épargne de deux shillings. N’importe ! j’ai été découvert, poursuivi et pris. Et, je le sais, la loi a été si inflexible pour tant de soldats désespérés et sans feu ni lieu, que j’ai grand’peur de danser pour ça au bout de la corde.

escarmouche.

Je suis doublement fâché pour vous, capitaine, d’abord que votre butin ait été si petit, et ensuite que votre danger soit si grand.

le capitaine.

Bah ! Le pire à craindre n’est que la mort… Avez-vous une pipe sur vous ?