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SCÈNE VIII.

civette.

Non, ma petite Francis, je veux que tu ailles, comme une femme de la cité, en robe galonnée et avec un chaperon français !

francis.

Sur ma parole, ce sera charmant.

délia.

— Frère, donnez à votre femme un train conforme à votre fortune. — Habillez-vous comme s’habillait votre père, — et habillez-la comme s’habillait votre vieille mère. — C’est en épargnant qu’il a fait sa fortune, et qu’il vous l’a laissée. — Frère, gardez-vous de la vanité ; sinon, adieu l’économie !

civette.

Que nous nous habillions comme mon père et ma mère ! voilà une bonne plaisanterie. Ma mère portait une robe à franges, une fraise tout unie et un bonnet blanc ; quant à mon père, il portait une cotte de moquette, garnie de manches de satin rouge et doublée de grosse toile.

délia.

Et pourtant il était aussi riche que vous.

civette.

Mon revenu, Dieu merci, est de quarante livres par an en bons fermages et en bonnes terres, sans compter une rente annuelle de vingt marcs dont nous devons hériter au hâvre du Cornard.

délia.

C’est possible, et votre réplique est excellente. — Je ne sais comment cela se fait, mais voici trop souvent ce qui advient : — Un père meurt prodigieusement riche ; — il a mis tout son bonheur à grossir sa fortune, — ne se préoccupant guère du caractère de ses héritiers, — et espérant qu’ils auront les mêmes goûts que lui. — Eh bien, le contraire de ce qu’il supposait arrive ; quarante ans d’épar-