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SCÈNE I.

le père flowerdale.

Pas formellement, monsieur.

mathieu.

Eh ! il m’a dit qu’il ne me les prêterait pas ; si ce n’est pas là un refus formel, les mots n’ont plus de sens… Sur ce, mon oncle, passons aux clauses du testament.

Il lit.

« Au nom de Dieu, amen !

» Item. Je lègue à mon frère Flowerdale trois cents livres pour payer les menues dettes que j’ai laissées à Londres.

» Item. À mon fils, Mathieu Flowerdale, je lègue deux paquets de dés pipés, autant de cartes biseautées et autres jouets utiles. »

S’interrompant.

Tudieu ! que veut-il dire par là ?

l’oncle flowerdale.

Poursuivez, mon neveu.

mathieu, reprenant sa lecture.

« Je lui lègue ces préceptes : qu’il emprunte sur son serment, car personne ne se fiera plus à sa parole. Qu’il n’épouse pas une femme honnête, car une femme d’une autre espèce aura du moins des moyens d’existence. Qu’il escroque autant qu’il pourra, afin que sa conscience coupable l’entraîne à un fatal repentir… »

Il veut dire, à la potence ! Et voilà son testament ! Sans doute, quand il l’a écrit, le diable se tenait, en ricanant, au pied de son lit. Tudieu ! croit-il éconduire sa postérité avec des paradoxes ?

le père flowerdale.

Il l’a écrit, monsieur, de ses propres mains.

mathieu.

Allons, voyons, mon bon oncle, donnez-moi ces dix livres ; imaginez que vous les avez perdues, qu’on vous les