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LA TRAGÉDIE DE LOCRINE.

sabren.

— Et crois-tu donc, cruelle homicide, — que tes forfaits resteront impunis ? — Non, traîtresse, les dieux vengeront ces injures ; — les démons de l’enfer châtieront ces outrages. — Et ce ne sont point les vampires de ton escorte — qui traîneront la malheureuse Sabren à sa dernière demeure. — Car, en dépit de toi et des tiens, je prétends moi-même — abréger ma destinée. — Et ce que l’épée de Locrine : n’a pu faire, — cette rivière va immédiatement l’accomplir.

Elle se noie dans la rivière.
guendeline.

— Un malheur se traîne au cou d’un autre. — Qui eût cru qu’une si jeune fille — eût cherché la mort avec tant de courage ? — Eh bien, puisque cette rivière est le lieu — où la petite Sabren est morte si résolument, — elle portera à jamais le nom de Sabren. — Quant à Locrine, notre défunt époux, — puisqu’il était fils de l’héroïque Brutus — à qui nous devons notre patrie, nos existences, nos biens, — il sera enseveli dans une tombe majestueuse, — près des ossements de son vieux père, en grande pompe et en grande solennité, — comme il sied à un si brave prince. — Qu’Estrilde soit privée de sépulture — et des honneurs dus aux morts, — puisqu’elle a été la cause de cette guerre ! — Braves compagnons, rendons-nous à Troynovant, — pour y célébrer les funérailles du jeune Locrine, — et le placer dans le tombeau de son père !

Ils sortent.
Entre Até.
até.

Telle est la fin de l’inique trahison,
De l’usurpation et de l’ambitieux orgueil.
Que ceux qui, pour leurs égoïstes amours, osent