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EXTRAIT DE LA CHRONIQUE D’HOLINSHED.


EXTRAIT DE LA CHRONIQUE D’HOLINSHED.

ASSASSINAT DE MAÎTRE ARDEN DE FEVERSHAM.
(1557)

En ce temps-là il y avait à Feversham, dans le Kent, un gentleman nomme Arden, qui fut fort cruellement assassiné à l’instigation de sa propre femme. Cet Arden était un homme d’une taille élevée et élégante ; il avait épousé une femme de qualité, jeune, grande, agréable de tournure et de visage, qui se lia familièrement avec un certain Mosby, tailleur de son état, homme à la figure basanée, et domestique chez lord North. Il arriva que ce Mosby se brouilla avec elle après une querelle ; mais elle, désirant se réconcilier avec lui, lui envoya une paire de dés d’argent par un certain Adam Fowle, demeurant à la Fleur de Lys, à Feversham. Après quoi il revint à elle et résida souvent chez Arden. Si bien qu’avant deux ans, il obtint ses faveurs et coucha avec elle. Arden, dit-on ; savait bien que leur mutuelle familiarité dépassait les bornes de l’honnêteté. Cependant, ne voulant pas offenser sa femme et perdre ainsi le profit qu’il espérait tirer de ses relations avec certains amis de mistress Arden en tolérant son inconduite, — profit qu’il eût pu perdre s’il s’était brouillé avec elle, — il se contenta de fermer les yeux sur ses honteux désordres, et il autorisa, invita même Mosby à loger chez lui : cet état de choses dura longtemps, avant qu’aucune machination fût faite par les deux amants contre maître Arden. Enfin la femme, enflammée d’amour pour Mosby et pre-