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SCÈNE I.

mosby.

— Mesurez-moi à ce que je suis, non à ce que j’ai été.

arden.

— Eh ! qu’es-tu à présent sinon un goujat vêtu de velours, — un intendant fripon, un ignoble manant ?

mosby.

— Arden, maintenant que tu as vomi — la venimeuse rancune de ton cœeur gonflé de fiel, laisse moi parler. Aussi vrais que je désire vivre — au ciel avec Dieu et ses saints d’éléction, — je n’ai jamais eu l’intention de la séduire, — et cela, elle le sait bien et tout le monde le verra ! — Je l’ai aimée autrefois, bon Arden, pardonne-moi ; — je n’ai pu m’en défendre, sa beauté avait enflammé mon cœur, — mais le temps a éteint ce brasier dévorant ; — et, si aujourd’hui je fréquente ta maison, Arden, — c’est pour voir ma sœur, sa femme de chambre, — et non pas elle. Puisses-tu la posséder longtemps ! — Que le feu de l’enfer et une formidable vengeance tombent sur moi — si je la déshonore ou je te fais injure !

arden.

— Mosby, tes protestations — ont apaise la haine mortelle de mon cœur, — et toi et moi nous serons bons amis, si tu justifies tes paroles. — Quant aux épithètes humiliantes que je viens de d’adresser, — oublie-les, Mosby. J’avais bien sujet de parler, — quand tous les cavaliers et tous les gentilshommes de Kent — jasent communément à table sur elle et toi.

mosby.

— Qui, dans cette vie, n’est pas atteint par les langues calomnieuses ?

francklin.

— En ce cas, Mosby, pour ne pas, donner prise aux propos des hommes — dans un monde où l’honneur dépend