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SCÈNE XV.

l’exécution de sa promesse. — Le répit de deux jours n’est pas encore expiré, — et nous venons volontairement subir — le mortel supplice ou la peine, quelle qu’elle soit, que vous voudrez, nous infliger, — pourvu que notre population tremblante soit sauvée…

édouard.

— Ma promesse ? Oui, je la reconnais complètement ; — mais ce que j’exige, c’est la soumission — des principaux citoyens, des hommes les plus considérables. — Vous, vous n’êtes, par aventure, que des gueux serviles, — des écumeurs de mer félons — que la loi frapperait, si elle les appréhendait, — quand même nous ferions taire notre sévérité. — Non, non, vous ne sauriez nous en imposer ainsi.

deuxième bourgeois.

— Seigneur redouté, le soleil qui, dans son déclin vers l’occident, — nous voit ainsi réduits à la misère, — nous saluait, dans sa pourpre orientale d’aurore, — comme d’illustres citoyens. — Si cela n’est pas, que la damnation des démons soit notre partage.

édouard.

— S’il en est ainsi, que notre convention soit exécutée. — Nous prenons pacifiquement possession de la ville ; — mais, pour vous-mêmes, n’espérez pas de pitié : — comme l’a décrété notre impériale justice, — vos corps vont être traînés autour de ces murailles — et recevront ensuite le coup suprême de la hache. — Voilà votre sentence… Allez, soldats, qu’on l’exécute.

LA REINE, à Édouard.

— Ah ! sois plus clément envers des hommes qui se rendent ! — C’est chose glorieuse que d’établir la paix ; — mais les rois se rapprochent le plus près de la divinité, — qui accordent aux hommes la vie et le salut (10). — Si tu veux être vraiment le roi de France, — laisse vivre les Français