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SCÈNE X.

charles.

— Ta rançon, mon cher ! eh ! qu’as-tu besoin d’en parler ? — N’es-tu pas libre ? Et toutes les occasions — qui s’offrent de faire tort à nos ennemis — ne doivent-elles pas être acceptées et mises à profit ?

villiers.

— Oui, mon seigneur, pourvu qu’elles soient légitimes. — Le profit doit toujours être sanctionné par l’honneur ; — autrement, nos actions ne sont que honteuses. — Mais laissons de côté ces objections dilatoires. — Votre altesse consent-elle, oui ou non ?

charles.

— Villiers, je ne consens pas, et ne puis consentir. — Salisbury ne m’imposera pas sa volonté — jusqu’à réclamer un passeport dans la forme qui lui plaît.

villiers.

— Eh bien, mon seigneur, je sais ce qui me reste à faire : — je dois retourner à la prison d’où je suis sorti.

charles.

— Y retourner ! J’espère que tu n’en feras rien, Villiers. — Quel est l’oiseau, échappé au piége de l’oiseleur, — qui ne prendrait pas garde de se laisser attraper de nouveau ? — Quel homme, ayant à peine franchi un gouffre dangereux, — est assez insensé, assez imprudent — pour s’exposer de nouveau au même péril ?

villiers.

— Ah ! mon gracieux seigneur, mais mon serment, — je ne puis le violer en conscience ; — autrement, tout un royaume ne m’arracherait pas d’ici.

charles.

— Ton serment ! Eh ! il t’oblige à rester ici. — N’as-tu pas juré obéissance à ton prince ?

villiers.

— Oui, en toute chose équitable qu’il me commande. —