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ÉDOUARD III.

premier français.

— Il paraît que vous désespérez de tout succès ; — vous croyez donc que votre pays va être subjugué.

troisième français.

— Nous ne savons ; mais le mieux est de s’attendre au pire.

premier français.

— Combattez donc, au lieu d’agir comme des fils dénaturés — et d’abandonner dans la détresse votre chère patrie.

deuxième français.

— Bah ! bah ! ceux qui déjà ont pris les armes — se comptent par millions ; c’est une masse formidable, comparée — à cette poignée d’hommes dont se compose l’armée ennemie ; — mais la bonne cause doit prévaloir. — Édouard est fils de la sœur de notre feu roi, — tandis que Jean de Valois est un parent éloigné de trois degrés.

la femme.

— Et puis il circule une prophétie, — publiée par quelqu’un qui a été moine jadis — et dont les oracles se sont maintes fois vérifiés ; — voici cette prédiction : Bientôt le temps viendra — où un lion, survenu dans l’ouest, — emportera d’ici la fleur de lis de France ! — Ces paroles, je vous le déclare, et d’autres rumeurs du même genre, — ont glacé le cœur de bien des Français.

Entre un autre français, en toute hâte.
quatrième français.

— Fuyez, compatriotes, concitoyens de France ! — La paix embaumée, cette racine de la vie heureuse, — a été sacrifiée et rejetée de ce pays ; — à sa place, la guerre acharnée au pillage — plane, comme le corbeau, sur le toit de vos maisons ; — le massacre et la destruction errent