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PÉRICLÈS.

moment ; — si de l’honneur vous n’avez que la réputation, justifiez l’opinion — qui vous en a cru digne.

lysimaque.

— Qu’est-ce à dire ? qu’est-ce à dire ?… Continuez ! faites de la morale.

marina.

Pour moi, — qui suis une vierge, bien que la fortune impitoyable — m’ait placée ici dans ce bouge immonde — où, depuis ma venue, j’ai vu la maladie se vendre — plus cher que la santé… Oh ! veuillent les dieux bons — me délivrer de ce lieu sacrilége, — quand ils devraient me changer en le plus humble oiseau — qui vole dans l’air pur !

lysimaque.

Je n’aurais jamais cru — que tu pusses si bien parler ; jamais je ne me le serais figuré. — Si j’avais apporté ici une pensée corrompue, — tes paroles l’auraient changée. Tiens, voilà de l’or pour toi ; — persévère toujours dans la bonne voie où tu marches, — et que les dieux te donnent de la force !

marina.

— Que les dieux vous protègent !

lysimaque.

Quant à moi, crois bien — que j’étais venu sans intention mauvaise ; car pour moi — il n’est pas jusqu’aux portes et aux fenêtres de cette maison qui ne sentent l’infamie. — Adieu ; tu es un modèle de vertu, — et je ne doute pas que tu n’aies eu une noble éducation. — Tiens ; voici de l’or encore ! — Qu’il soit maudit, qu’il meure de la mort d’un bandit, — celui qui te ravira ta pureté ! Si tu entends parler de moi, — ce sera pour ton bien.

Au moment où Lysimaque referme sa bourse, entre Boult.
boult.

Je conjure votre seigneurie, une pièce pour moi !