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PÉRICLÈS.

Vous, et votre dame, — agréez toute la reconnaissance de mon cœur ! et que les dieux — acquittent ma dette envers vous !

clèon.

— Les traits du malheur qui vous frappent mortellement — nous atteignent par contre-coup.

dionysa.

Ô votre charmante reine ! — Que les destins rigoureux n’ont-ils permis qu’elle fût ici avec nous — pour ravir mes regards !

périclès.

Nous ne pouvons qu’obéir — aux puissances qui sont au-dessus de nous. Quand j’entrerais en fureur, quand je rugirais — comme la mer dans laquelle elle est ensevelie, le résultat — n’en serait pas moins ce qu’il est. Voici ma fille Marina, (je — l’ai nommée ainsi parce qu’elle est née sur mer), — je la confie à votre tendresse, et j’en fais — le nourrisson de votre sollicitude ; vous conjurant — de lui donner une éducation princière, en sorte que — ses manières soient dignes de sa naissance.

clèon.

Ne craignez rien, monseigneur : — votre grec, qui a nourri mon pays de son blé, — (bienfait pour lequel les bénédictions du peuple tombent incessamment sur elle), — doit être honorée par nous dans cette enfant. Si je m’avilissais ici — par une négligence, la nation entière, — par vous secourue, me rappellerait de force à mon devoir ; — mais, si ma nature a besoin pour cela d’un stimulant, — que les dieux m’en punissent, moi et les miens, — jusqu’à la dernière génération !

périclès.

Je vous crois ; — votre honneur et votre bonté suffisent à me convaincre, — sans vos protestations. Jusqu’à ce qu’elle soit mariée, madame, — j’en jure par la lumineuse Diane,