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SCÈNE X.

premier matelot.

Relâche les boulines, toi là-bas, entends-tu ? entends-tu ?… Ouragan, souffle et crève.

deuxième matelot.

Pourvu que nous ayons du large, les flocons d’écume de la vague peuvent bien atteindre la lune ; je ne m’en inquiète guère.

premier matelot.

Seigneur, il faut que la reine soit jetée par-dessus le bord ; la mer est haute, le vent est violent, et ils ne se calmeront que quand le navire sera débarrassé de la morte.

périclès.

C’est une superstition que vous avez.

premier matelot.

Pardonnez-nous, seigneur ; c’est une observation qui a été constamment faite par nous en mer, et nous insistons sur la tradition. Ainsi livrez-la vite ; car il faut qu’elle soit jetée à la mer sur-le-champ.

périclès.

— Faites comme bon vous semble… Malheureuse reine !

lychorida.

La voilà gisante, là, seigneur.

périclès.

— Tu as eu de terribles couches, ma chérie ; — pas de lumière, pas de feu ; les éléments ennemis — t’ont complètement abandonnée ; je n’ai pas même le temps — de te déposer selon les rites dans ta tombe ; il faut que sur-le-champ — je te jette dans le limon des mers, à peine couverte du cercueil ; — là, au lieu du monument funèbre — et des lampes à jamais allumées, la baleine vomissante — et les flots grondant pèseront sur ton corps — gisant parmi de simples coquillages. Lychorida, — dis à Nestor de m’apporter des épices, de l’encre et du papier, — ma cassette et mes joyaux, et dis à Nicandre — de m’apporter la boîte