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INTRODUCTION.

tisée pour le bon motif par trois seigneurs de la suite de Guillaume, Manville, Mountney et Valingford ; hésitant entre les trois prétendants, elle feint d’être devenue sourde et muette, est aussitôt abandonnée par Manville et Mountney, et n’est plus aimée que du fidèle Valingford qu’elle récompense en l’épousant.

Récapitulons. Depuis la publication de l’in-folio de 1623, douze pièces, attribuées au maître, soit totalement, soit partiellement, ont été successivement ajoutées au répertoire shakespearien dans le courant du dix-septième siècle. Mais patience ! Les éditeurs du dix-huitième siècle vont continuer la tâche de leurs devanciers et poursuivre les fouilles dans la poussière des bibliothèques longtemps tous les efforts sont infructueux. Enfin, en 1760, l’éditeur Capell pousse un cri de victoire. Il a découvert et il remet au grand jour de la publicité une œuvre qui, selon lui, ne peut être attribuée qu’à l’auteur du Roi Jean et de Henry IV. C’est une pièce historique anonyme, imprimée pour la première fois en 1596 sous cette simple rubrique : Le règne du roi Édouard III comme il a été joué plusieurs fois dans la cité de Londres. Cet ouvrage, extrêmement remarquable et tout à fait digne en effet de la jeunesse de Shakespeare, est une sorte d’épopée en deux parties qui nous montre le roi chevalier Édouard, tour à tour galant et héroïque, humilié en amour, irrésistible à la guerre, échouant auprès de la comtesse de Salisbury et triomphant de la France à Poitiers.

En 1770, nouvelle découverte importante. Un libraire de Feversham, qui a écrit une histoire de cette petite ville, Edward Jacobs, réédite une autre composition anonyme qu’il déclare être de Shakespeare : La lamentable et vraie tragédie de M. Arden de Feversham dans le Kent, publiée originairement en 1592. Ce drame domestique d’une beauté sinistre a pour sujet un crime affreux trop réellement