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LES DEUX NOBLES PARENTS.

parler ; — et, si elle est aussi affable qu’elle est belle, — j’affirme qu’elle est à lui ; il a un langage qui apprivoiserait — les tempêtes, et ferait raffoler les roches sauvages. Advienne que pourra, — le pire, c’est la mort. Je ne veux pas quitter ce pays ; — je sais que le mien n’est qu’un monceau de ruines, — et qu’on ne peut le relever. Si je pars, elle lui appartient. — Je suis résolu. Un changement de costume me sauvera, — ou consommera ma perte ; des deux manières, je suis satisfait : — je la verrai, je l’approcherai, ou je cesserai d’être.

Il se met à l’écart.
Entrent quatre campagnards ; le premier qui paraît est couronné de fleurs.
premier campagnard.

— Mes maîtres, je veux y être, c’est décidé.

deuxième campagnard.

Et moi aussi, je veux y être.

troisième campagnard.

Et moi !

quatrième campagnard.

— Eh bien donc, je suis des vôtres, enfants ! On sera grondé, voilà tout. — Que la charrue chôme aujourd’hui ! je la ferai caresser — demain par la queue de mes rosses.

premier campagnard.

Je suis sur — de rendre ma femme jalouse comme une dinde ; — mais c’est égal ; j’irai ; qu’elle grogne !

deuxième campagnard.

— Aborde-la vigoureusement demain soir, arrime-la bien, — et tout sera réparé.

troisième campagnard.

Oui, mettez-lui seulement — la verge au poignet, et vous la verrez — prendre une leçon nouvelle comme une bonne fille. — Tenons-nous tous pour la fête de mai ?