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LEPITEUX.

Je le déchire, vous dis-je. (il veut déchirer l’acte.)

GUILLERET, l’arrêtant.

Non, parbleu ! J’y perdrais cent fois davantage, que je tiendrais à mes engagemens.

LEPITEUX, attendri.

Quel homme ! quel homme !

GUILLERET.

Ma foi, mon cher voisin, je suis si content que je ne désire plus rien.

LEPITEUX.

Si… si… Guilleret, vous désirez encore quelque chose.

GUILLERET.

Quoi donc ?

LEPITEUX, faisant signe à Beau-Soleil.

Viens ici, petit Guilleret. Regardez votre fils ; jetez les yeux sur mon Aurore. Si, dans ce moment, je leur disais avec l’accent grave que je possède si bien ; avec cette sensibilité attendrissante qui… (il pleure, s’essuye les yeux, et donnant tout à coup son mouchoir à sa femme, il lui dit :) Bobonne, va me chercher un autre mouchoir. (Celle-ci lui en donne un autre. Lepiteux reprend le fil de son discours :) Si je leur disais enfin…

Mes chers enfans, unissez-vous,
Vous serez heureux, je l’espère.

GUILLERET, l’interrompant.

Non, je ne leur dirais pas ça, moi. À votre place, en le prenant chacun par la main, je leur chanterais…

Gai, gai, mariez-vous,
Vivre deux est salutaire ;
Gai, gai, mariez-vous,
Il est si deux
D’être époux.
Nos parens ont, dans leur tems,
Marié nos père et mère ;
Il est naturel, j’espère,
De marier nos enfans.

LEPITEUX, l’interrompant.

À moi ! à moi !… Oui, vous avez raison c’est encore plus touchant. (Avec sentiment.)

Gai, gai, mariez-vous,
Mettez-vous dans la misère…